Magazine | ReportageAprès douze années d'une guerre civile qui a fait plus de 500 000 morts, la Syrie est un pays ravagé. A sa tête, Bachar el-Assad, l’un des rares dictateurs à n’avoir pas été balayé par les Révolutions arabes. Son pays n’est plus qu'un champ de ruines. Partout, le même constat de désolation et de destruction avec 90% de la population qui vit sous le seuil de pauvreté. Malgré les interdictions, nous avons filmé ce qu’il reste de l’un des pays autrefois les plus prospères du Moyen-Orient.
Aujourd’hui, le souk d’Alep, joyau architectural, est un amas de pierre. Dans la ville, plus un mur ne tient debout. Médicaments, nourriture, essence, la population manque de tout et les coupures d’électricité sont incessantes. Les petites entreprises ont un mal fou à redémarrer leur activité. En février dernier, un autre malheur a frappé la région : un tremblement de terre a fait plus de six-mille morts, aggravant encore plus la situation humanitaire.
À Homs, berceau de la contestation, les immeubles sont à terre. Seule la capitale, Damas, siège du pouvoir, a été épargnée. Les magasins sont presque tous ouverts et la population vit à peu près normalement. Nos journalistes y ont rencontré des jeunes qui tentent d’oublier leurs traumatismes. Ils poursuivent des études de médecine ou d’architecture. La plupart rêvent de partir à l’étranger. Rares sont ceux qui, plein d’espoir, veulent rester et rebâtir le pays.
Si la plupart des Syriens vivent dans la misère, le clan de Bachar el-Assad, lui, continue de s’enrichir. La Syrie est devenue un narco État, et son président un baron de la drogue. L’une des principales sources de revenus de son clan est le trafic de captagon ; une drogue de synthèse qui rapporterait quatre milliards de dollars chaque année. Sa production et son trafic sont directement gérés par le frère du dictateur, Maher el-Assad. Au Liban, nous avons enquêté sur les circuits empruntés par cette drogue.
Autre pièce maîtresse du régime, la femme de Bachar el-Assad, Asma. Adulée par l’Occident avant la révolution de 2011, l’épouse est devenue la banquière du régime et continue de soutenir son mari, pourtant accusé de crimes de guerre. Depuis, elle a fait main basse sur l’économie du pays.
Enfin, nous avons pu nous rendre dans la dernière poche rebelle de Syrie : la province d’Idlib. Quatre millions de personnes y vivent. De multiples groupes rebelles continuent de lutter contre le régime. Nous avons pu suivre leurs combattants. La province est administrée par un groupe islamiste : Hayat Tahrir El Cham. La ville d’Idlib est devenue un refuge pour de nombreux djihadistes étrangers venus en Syrie pour combattre pendant la révolution. Certains ont fait d’étonnantes reconversions, comme Islam Chakbanov : originaire du Daghestan en Russie, il a ouvert le premier restaurant de sushi de la ville.